Modestement s’ouvre sur la
gauche, au bas de la rue des Juifs, près d’une belle maison aux poutres
entrecroisées et presque vis-à-vis du chœur de l’ancienne Chapelle de
l’Hôpital, l’Entrée, simple, mais
cependant dotée de deux lourds vantaux de fer, de la cour d’une ancienne
demeure.
Dès que l’on franchit la
grille, sur la droite l’inscription « Cour des nobles de
Rathsamhausen » nous laisse imaginer l’importance de cette propriété
aristocratique.
Dans la partie sud-est de
l’ancienne vieille ville, avec ses arrières-jardins adossés au point de
rencontre du double rempart de la Streng et de l’ancien mur qui séparait la
vieille ville de la ville basse, s’étend le domaine composé d’une maison
principale, de deux ailes latérales, de jardins et d’une basse-cour. Avec plus
de 20 mètres de long, il est délimité par la rue des Juifs, ,
la rue du Moulin à huile et le rempart de la Streng. Sur ce dernier côté,
il borde une autre ancienne cour de nobles (qui elle, se trouve déjà dans la
ville basse), celle de la baronne de Berckheim qui devint
Le domaine, niché dans
l’étroite ceinture de fortification de la vieille ville médiévale, occupe une
surface véritablement imposante.
Un silence reposant et une
atmosphère de cloître accueille le visiteur qui entre dans la cour pavée, comme
un jeu d’échecs, de galets gris et bleus provenant de
Sur des colonnes de grès
rose, repose un passage fermé de fenêtres cintrées vitrées qui relie les ailes
est et ouest du bâtiment et auquel mène un vieil escalier de pierre à la
rambarde de fer.
Sur la droite de l’entrée
décrite ci-dessus, près de l’endroit où le ruisseau de la ville pénètre dans la
cour par une haute et large voûte comportant encore sa herse, le millésime
« 1567 » surmonte une porte Renaissance, tandis que la porte d’entrée
du bâtiment central, à laquelle mène un escalier de pierre, est rehaussée d’un
écusson dont les armoiries ont été effacées et sur lequel est gravé
« 1571 ».
Sur les serrures en bronze
finement ciselées de la porte, on remarque encore la couronne de chevaliers des
anciens propriétaires nobles, allégoriquement ornementée et entourée d’ondines
et de canards sauvages. Car le cimier au-dessus des armoiries de la famille de
Berckheim était un canard sauvage doré. Selon la tradition familiale, ce canard
a été pris comme cimier après l’acquisition de l’ancienne canardière giboyeuse
de Guémar.
De grandes pièces, revêtues
de parquets anciens et de plafonds richement ornés de stuc, ainsi qu’une
antique cheminée, rappellent le genre de vie aristocratique des anciens
habitants de ce domaine noble. Dans les deux murs de pignons de la maison
seigneuriale, qui occupe toute la largeur de la cour, sont insérées encore
quelques vieilles fenêtres Renaissance, plus étroites.
Avec une petite basse-cour
et un jardin attenant, l’ensemble du domaine était enclos par le mur intérieur,
large de 1m 40, du rempart de la Streng. Sous une jolie petite maison de jardin
accolée à ce mur, on arrive, par une vieille porte cintrée en pierre, à un
petit sentier commun autrefois avec le domaine voisin des Berckheim, et qui
menait vers le chemin de ronde appelé « Chemin du fossé de Hirtzen ».
Aujourd’hui, le jardin qui
s’étend sur le glacis de cet ancien fossé Hirtzen
fait aussi partie de la propriété et a conservé les anciennes caractéristiques
de ce fossé « Hirtzen » qui monte en pente douce du premier au
deuxième mur de fortification. Une porte qui se trouve dans le mur extérieur
des remparts conduit de plain-pied dans le chemin de la Streng.
*****
***
*
Primitivement propriété des
Ribeaupierre, l’ensemble des bâtiments a été, vers 1560, cédé comme fief
héréditaire à la famille d’un huissier-sergent des Ribeaupierre, et plus tard
prévôt à Ribeauvillé, qui payait un droit annuel à la caisse seigneuriale.
Il vendit la maison
(appelée alors « à l’ours noir ») à la veuve du juge du comté
de Ribeaupierre. Très riche, elle aida par des prêts d’argent à la ville de
Ribeauvillé en difficulté financière après les guerres avec les Suédois (guerre
de 30 ans).
Puis, la maison fut la
propriété du maître
forestier de l’époque, Georg Von
Heringen. Ce baron d’Empire est mentionné vers 1671 à Ribeauvillé
comme gentilhomme de cour du duc de Birkenfeld et aide de camp de son
protecteur, le Comte de Birkenfeld, dans le régiment Royal Alsace. Il participa
aux campagnes de Hollande et de Flandre jusqu’à la paix de Nimègue (1679). Il
devint en 1680, chef forestier conseiller et en 1701 Maître des Eaux et Forêts,
Ecuyer grand veneur de la Seigneurie de Ribeaupierre, et occupa sa propre
maison dans la rue des Juifs. Il possédait également beaucoup d’autres terres
dans les environs.
La propriété passât alors
entre les mains de divers nobles proches du seigneur de Ribeaupierre, Comte
palatin Christian II de Birkenfeld, lieutenant général français depuis
1688 ; cette charge sera aussi accordée à son fils Christian III en
1704.
A la suite de différents mariages, apparaît, vers 1721, une
branche des Rathsamhausen et une COUR des RATHSAMHAUSEN à Ribeauvillé.
Cette vieille famille noble
alsacienne de Rathsamhausen, originaire du village du même nom près de
Sélestat, est déjà mentionnée en 1219. Un des châteaux d’Otrott porte son nom.
Dans la charte de partage des seigneurs de Ribeaupierre du 07 janvier 1303, les
Rathsamhausen sont mentionnés en deuxième place comme leurs vassaux
habitant Ribeauvillé. Par acte de 1337, Anselme de Rathsamhausen
reconnaît qu’il reçoit en fief de son vénérable suzerain Jean IV de
Ribeaupierre « maison avec cour habitée par lui dans le centre de la
ville près de la porte d’entrée, vis à vis d’un moulin, ainsi que toutes ses
vignes qui se trouvent dans le ban de Ribeauvillé, et qu’il demeurera toujours
dans la ville de Ribeauvillé ».
Pendant deux siècles la
cour resta dans des familles nobles apparentées, de près ou de loin, aux Rathsamhausen et ayant des charges importantes
(administration de la Seigneurie des Ribeaupierre, chambellan du duc des
Deux-Ponts, capitaine à pied dans le régiment Royal-Deux-Ponts…).
Dans le premier tiers du 18ème
siècle, la cour passa alors dans des mains bourgeoises. En 1839, un maître
tailleur de Ribeauvillé l’acquit et y ouvrit
un café restaurant. A sa mort, la propriété, mise aux enchères
publiques, fut agrandie par le nouveau propriétaire par l’ajout d’un jardin
dans le fossé « Hirtzen » entre les deux anciennes enceintes de la
ville.
A l’occasion du recensement
de 1851 – où Ribeauvillé comptait encore 7338 âmes – la propriété fut habitée
par sept familles soit 35 personnes !
En 1888, la propriétaire vendit
« la grande maison avec deux bâtiments attenants, la cour,
remises, étables, caves, deux pressoirs, fosse à purin, deux potagers avec des
vignes et toutes les dépendances » à un Suisse qui y installa un très prospère commerce de vins
jusqu’à sa mort en 1895.
Des démarches furent
effectuées, début XXème siècle, pour y loger une garnison.
En 1925, la Cour des nobles
de Rathsamhausen devint la propriété de la famille WIEMANN. La troisième
génération est représentée par les deux filles de Joseph Wiemann / Fuchs et son épouse Anne Laporte / Foch : Marie-Christine épouse d’Olivier Lamy
et Marie Claude, épouse de Didier Silvestre de Sacy
(baron d’Empire !!!) … la boucle
est bouclée….